LES CYRTARACHNINAE
ANATOMIE
ET COMPORTEMENT
DES ARAIGNEES
:
VINGT-CINQ ANS
DE RECHERCHES
par André Lopez, auteur (version
2022)
|
Couleurs
conventionnelles :
En noir et italiques, termes anatomiques ; en violet,,
noms
génériques et spécifiques ; en vert, noms de
familles, sous-familles et tribus ; en orange,, parties
les plus importantes
et résumés ;
en bleu, liens divers.
|
Abréviations
conventionnelles :
M.E.B. : (photographie en) microscopie électronique à balayage M.E.T. :
(photographie en) microscopie
électronique à transmission
C.H. : coupe histologique
(microscopie photonique)
|
1 - Introduction
2 - Distribution
géographique
3 - Anatomie externe
4 - Industrie
séricigène
4-1 - Les toiles et les modes de capture des proies
4-1-a - Tribu des Cyrtarachnini
4-1-b- Tribu des Mastophorini
4-1-b-1 - Genres à bolas
4-1-b-2 - Genres sans bolas
4-2-
Points communs
4-2-a - Suspension de la proie
4-2-b- Adhésivité
4-2-c- Attraction des proies par
mimétisme chimique phéromonal agressif
5 - Support anatomique
6 - Histoire
phylogénétique
7 - Biogéographie
8 - Bibliographie
Les Cyrtarachninae sont une sous-famille d'Araneidae réunissant aujourd'hui deux tribus : les Cyrtarachnini et les Mastophorini, cette dernière incluant les fameuses «Araignées à bolas» dont le genre Mastophora (Araignées chassant leurs proies en faisant tournoyer un fil de soie lesté par un ou des «globules» visqueux)(Gertsch,1955).
Fig.1 - Exemples de Cyrtarachninae :
aspect externe. A,Cyrtarachne
ixoides - B, Cyrtarachne bufo
- C, Paraplectana coccinella
- D, Pasilobus sp. -
E, Poecilopachys australasia
- F, Mastophora
sp. - G, Taczanowskia
- L, Aranoethra -
H, Celaenia
excavata - K, Dicrostichus ou Ordgarius (Montage
A.Lopez) |
Cette
morphologie particulière crée une
forme de mimétisme protecteur batésien par une couleur
d’ensemble
jaune-verdâtre fondant l' araignée dans la
végétation (Taczanowskia)(Fig.1,G),
une
ressemblance (rare) avec des insectes comme les Coccinelles
(Fig.1,C), des débris
végétaux, des
excréments d’oiseaux tombés sur la
végétation (Celaenia,
Mastophora
extraordinaria : "Bird-dropping spiders"
des anglo-saxons)(Fig.1,H), voire même la coquille
de Mollusques
terrestre(Cyrtarachne
conica, C. inaequalis,
C. bufo)
(fig.1,B).
Par
ailleurs, la morphologie générale et
la coloration peuvent
prêter à confusion avec les Gasteracanthes,
comme dans le cas d'Aranoethra cambridgei
dont
le jaune éclatant (Fig.1,L)rappelle celui de Gasteracantha remifera.
Emerit (1977)
a
d’ailleurs tenté un
rapprochement phylogénique audacieux entre les Cyrtarachninae,
surtout les mâles
immatures de Cyrtarachne
"ixodoides"
et les
Gastéracanthes, lien
basé sur la sigillotaxie
(plaques chitinisées) de
l’abdomen et ses tubercules mais le dit rapprochement ne
semble pas justifié par l' anatomie interne.
Les
mâles, du moins chez Cyrtarachne
et Mastophora, sont
sensiblement plus petits que les femelles (Fig.3,4).
Il existe
donc alors un dimorphisme sexuel volumétrique marqué
comme chez les Argiopes et les Néphiles.
Fig.2 - Cyrtarachne
ixodoides, femelle à
gauche, mâle à droite |
Fig.4 -Mastophora
phrynosoma, femelle et
4 mâles
|
Fig.3 - Poecilopachys australasia, femelle à gauche, mâle à droite |
Dimorphisme
sexuel volumétrique chez trois Cyrtarachninae : deux
Cyrtarachnini et une Mastophorini (Extraits d' Internet) |
Dans le cadre de cette
industrie
séricigène entre le tissage de cocons ovigères
en général globuleux (Mastophora, Celaenia)(Fig.5,6)
ou fusiformes (Cyrtarachne ixoides, Dicrostichus
magnificus)(Fig.7,8).
Fig.5
- Cocons de Mastophora
bisaccata |
Fig.6
-Cocons de Celaenia |
Fig.7
- Cocon de Cyrtarachne (D'après Gros) |
Fig.8-
Ordgarius
(Dicrostichus) magnificus,
femelle sur cocons ovigères
|
Selon
une première hypothèse
(Robinson & Robinson, 1975;
Eberhard, 1980),
les toiles auraient
évolué par réduction progressive en quatre
étapes qui se sont succédées au
fil du temps: le type à fils en pont («spanning-thread
webs» des anglo-saxons),
le type en triangle, le type à bolas et, en fin de
compte, la disparition
pure et simple de tout
édifice soyeux (Scharff
&
Coddington, 1997).
Elle
a été infirmée plus récemment par
l' étude de phylogénie moleculaire ardue de Tanikawa
et al. (2014),
puis celle de
Scharff et al. (2020).
Les
genres Cyrtarachne, Pasilobus, Poecilopachys et Paraplectana
tissent
des toiles
orbiculaires trés modifiees car pourvues d’un petit nombre de
radii et de fils
visqueux largement espacés
à disposition non
spiralée, nommés
en anglais
‘spanning-threads”, soit “fils en pont” (Clyne, 1973 ; Chigira, 1978
; Robinson, 1980 ;
Shinkai, 1992). Leur
construction « laborieuse » a été
décrite en détails par Stowe
(1986),
d’après différents
auteurs dont s’inspirent également les dessins joints.
Fig.9
- Cyrtarachne
bufo, toile. |
Fig.10-
Cyrtarachne
ixoides, toile. |
Fig.11 - Cyrtarachne ixoides: toile fixée dans la végétation. |
M,
moyeu - P, fil gluant en pont - R, radius - S,
secteur. Schéma d'après Suginaga |
C,
charpente - M, moyeu - P, fil gluant en pont -
Pd, fil
gluant détaché à une extrémité - R,
radius - S, secteur. Schéma d'après Olin. |
Fils
gluants , les uns fixés en
"pont" aux deux bouts et les autres pendants après un impact D'après Olin. |
Celle
de notre espèce indigène Cyrtarachne
ixoides, étudiée en détail par Odin
(2013) dans les Landes se
rencontre souvent entre deux buissons ou herbes hautes, à une
hauteur de 1 à 2
m, plus rarement jusqu’à 3 ou 4 m dans un arbre. Cet
édifice, mieux visible
quand il est emperlé de rosée matinale, se compose
d’une charpente en
cadre rectangulaire, s’attachant typiquement, à
quatre supports,
d’un ensemble de 8 à 10 radii convergeant vers un moyeu
(Fig.10,11) renforcé
de soie plus denseet, dans les
secteurs, de fils en pont très gluants, sans
disposition spiralée .Ces fils de capture
forment, de profil, des arceaux sous la toile
lorsqu’ils
sont rattachés à deux rayons successifs par leurs
extrémités ou pendent
verticalement lorsque l’une de ces dernières s’est rompue,
spontanément ou sous
l’impact d’une proie volante (Fig.11).
Fig. 12
- Pasilobus
sp., toile. |
C,
charpente - M, moyeu - P, fil gluant en pont - R,
radius -
S, secteur. L' araignée hale un Lépidoptère (L)
avec le fil en pont qu'a
détaché cette proie. Schéma d'après Robinson & Robinson. |
jonction
avec le fil médian mais,
en revanche
La
toile de Paraplectana,
telle que P. tsushimensis (Chigira,1978),
d’un diamètre moyen de 70 cm, a une charpente plus ou moins
incomplète, un
moyeu très excentré, 4 à 7 radii et des fils en
pont dans les secteurs plus ou
moins ouverts qu’ils délimitent (Fig.13).
Fig.13 -Paraplectana tsushimensis, toile. |
C,
charpente - M, moyeu - P, fil gluant en
pont - Pd,
fil gluant détaché à une extrémité -
R, radius - S, secteur. Schéma d'après Chigira |
La
toile de Poecilopachys
australasia (Clyne,1973), d’environ
80 cm de diamètre,
montre
également une charpente triangulaire, mais il s’y inscrit une
ébauche d’orbe à
moyeu excentrique, 7 à 12 radii, une dizaine de secteurs
et jusqu’à un
maximum de 13 fils en pont dans ces derniers (Fig.14).
Fig.14 - Poecilopachys australasia, toile. |
C,
charpente - M, moyeu - P, fil gluant en pont
- R,
radius - S, secteur.
Schéma
d'après Clyne.
|
Lorsqu’un
insecte vient à heurter un fil
en pont de ces toiles, l’une des
extrémités de ce fil,
dite «joint de
cisaillement» (“low-shear joint”) se libère du radius,
tandis que l’autre lui
reste fermement attachée (Cyrtarachne Arita,
1963; Poecilopachys Clyne,
1973; Paraplectana
Chigira, 1978; Pasilobus Robinson,
1980; Cyrtarachne Shinkai,
1992)(Fig.8).
Cette
caractéristique
différencie nettement les fils en pont des spires de
toiles orbiculaires
habituelles qui sont attachés fermement aux radii et ne s’en
détachent point
par rupture. Le caractère gluant du fil en pont est lié
aux gouttelettes
visqueuses qui y sont fixées et retiennent la proie
jusqu’à ce que l’ araignée
la hale vers elle (Fig.4). Dans
le cas de Pasilobus,
lorsqu’un Insecte heurte un «pont» en volant(Fig.12), ce
dernier se rompt et
pend au-dessous de la toile, attachant ainsi au fil médian
la proie qui
continue à voler en tournoyant et finit par s’immobiliser.
L’araignée se
précipite vers l’attache le long du fil axial, hale le fil en
“pont” et mord
enfin l’ insecte englué sur ce
dernier (Robinson,1980)
Il s'agit des taxons Mastophora (Amérique),
Cladomelea et Acantharachne
(Afrique),
Ordgarius ou Dicrostichus (Australie) dont
la toile captrice est extraordinairement réduite à un
« bola », fil terminé ou
garni par une ou plusieurs masse(s) visqueuses alors superposées
que l’
araignée femelle fait
tourner au bout de l’une de ses pattes
lorsque
s’approche, de nuit, une proie
volante (Eberhard, 1980
;
Shinkai & Shinkai,2002 ;
Blackledge et al.,
2011).
Fig.15 - Montage photographique montrant la manipulation d'un bola par tournoiement |
Chacun de ces
genres diffère des autres par sa tactique de manipulation du
bola, tenu avec
une patte qui le projette vers la proie parvenue à
portée : patte I
chez Mastophora et Agatostichus, patte II
chez Dicrostichus
(Longman1922 ; Mac.Keown,1952)
avec
tournoiement à l'approche de la victime et patte III chez Cladomelea où
la rotation
est permanente (Akerman, 1923).
A
l’extrême, les Araignées femelles de
deux autres genres de la même tribu, Celaenia et Taczanowskia (Amérique)
ne tissent aucun piège et capturent directement les Insectes
avec leurs
pattes étendues
(McKeown, 1952; Eberhard, 1981;
Forster and Forster, 1999).
Ici
encore, un attractif sémiochimique doit être
utilisé par ces
Araignées, d’autant plus
quelorsqu’elles sont jeunes, leurs proies consistent aussi en
Psychodidae
(Forster and Forster,
1999).
.En
fait, bien que les structures des
pièges diffèrent grandement, il existe des
similitudes
frappantes entre une
proie suspendue à un fil en pont rompu et ballant (Fig.16- 1,2)
et celle qui a
été prise à la
« volée » avec un bola (Fig.16 -3 et
Fig.17)
Fig.17 - Mastophora cornigera, bola (fil seul visible) et proie | Fig.16 Cyrtarachninae : toiles. |
1,Cyrtarachne,sp - 2, Pasilobus - 3, Mastophora.sp. |
L’ adhésivité
des gouttelettes de
fils en pont et du globule de
bola est extrême. Cependant,
chez Cyrtarachne,
elle décroîtrait en quelques heures jusqu’à
devenir nulle (Cartan et
Miyashita, 2000),
sauf dans des
conditions de forte humidité où elle reste
élevée (Baba et al., 2014).
Il en serait de
même pour les “énormes” globules de bolas qui
diminuent trés sensiblement
de taille en seulement 90 minutes (Eberhard,
1980),
réduction
d’adhésivité non observée dans les toiles
orbiculaires des autres
Araneidae.
Les
“Bolas
spiders” ont un autre
caractère unique dans le fait que leurs femelles
adultes
attirent exclusivement
des Lépidoptères nocturnes, tous mâles, en
émettant une sustance chimique
volatile véhiculée par l’air (Stowe et al., 1987; Yeargan,
1994)
selon
un
mécanisme connu comme mimétisme sexuel phéromonal.
En revanche, les males et
les juvéniles n’attirent pas des Lépidoptères mais
des Diptères Psychodidae,
également mâles (Yeargan
and Quate,1996,1997).
A
l’extrême, les Araignées femelles de
deux autres genres de la même sous-famille, Celaenia etTaczanowskia (Fig.18
)(Amérique)
ne tissent aucun piège et capturent directement
leurs proies,
toujours des
Lépidoptères nocturnes mâles(Stowe,
1986),
avec leurs pattes
étendues, ces dernières armées d'une "herse" de
soies
(McKeown, 1952; Eberhard, 1981; Forster and Forster,
1999).
Ici encore, un mimétisme chimique agressif
phéromonal
doit être utilisé
par ces Araignées, d’autant plus que lorsqu ’elles sont jeunes,
leurs proies
consistent aussi en Psychodidae (Forster
and
Forster, 1999).
Fig.18 - Taczanowskia
trilobata, de face. Soies sur les pattes antérieures
ravisseuses |
D'après
PBertner |
La
structure ou, à l'inverse, l'absence
de piège, et l'attraction des proies trouvent une
explication
logique révélée
par la seule histologie de l' opisthosoma,
débité en coupes
sériées (C.H)
respectivement dans les glandes séricigènes et
dans l'existence d'un organe particulier remarquable,
le
tissu
folliculaire endocrinoïde abdominal (Fig.19,20,21), tel que Lopez
l'a
décrit pour
la première fois chez les Mastophora.
Il
l'a retrouvé ensuite, toujours par
étude histologique, chez Celaenia,
membre des
Mastophorini et Poecilopachys, une
représentante des Cyrtarachnini
(Lopez,1998).
Fig.19 - Mastophora
cornigera, femelle : coupe
trés partielle d'abdomen |
Fig.20 - La même : autre coupe, plus grossie. |
GGlande séricigène agrégée (Ag) avec son canal excréteur (C) et tissu endocrinoide (E) (A.Lopez,C.H.) |
Fig. 21 - Mastophora cornigera, femelle adulte. Détails du tissu endocrinoïde. |
N, noyaux des cellules endocrinoïdes disposées en ilôts juxtaposés - V, vaisseau. Les flèches désignent des cavités centrant certains ilôts (©A.Lopez, C.H.) |
Le
même auteur (Lopez,1998) a
montré que les
glandes à soie agrégées sont absentes
lorsque
l'Araignée Mastophorine
Celaenia qui
ne construit
aucune toile et n'élabore pas de glue. L'absence de
cette
catégorie de glandes
séricigène est d'ailleurs une caractéristique
d'autres Araneidae (Cyrtophora, Mecynogea) (Lopez,1982,1988)
dont
la toile de capture est dépourvue de tout matériel gluant
dans son orbe
modifiée.en réfection
En revanche, les
agrégées
sont
particulièrement bien développées dans les genres Mastophora (Fig.19,20) et Poecilopachys
qui produisent une grande quantité de matériel
gluant (Fig.22).
Fig.22
- Poecilopachys
australasia femelle: tissu folliculaire endocrinoïde (E) et
glandes à soie
agrégées (Ag.) (A.Lopez,C.H.)
|
Elle
est ardue et a débuté avec le
travail original de Simon (1892).
Les
Cyrtarachninae constituent
un
groupe sous-familial d’ araignées dans la famille des Araneidae
(Araignées
dites «à toile orbiculaire»). Ce groupe a
été traité de différentes manières,
au prix de remaniements oiseux.
Il
est apparu initialement sous le nom
de Cyrtarachneae (Simon, 1892)
incluant
5
genres, à savoir Paraplectana, Aranoethra, Pasilobus, Cyrtarachne et Poecilopachys.
En cette occasion, Simon créa aussi le groupe
des
Glyptocranieae, incluant
les
genres Agatostichus (reconnu
encore par Gertsch en 1955 mais
aujourd’hui rattaché à Mastophora), Glyptocranium (traité
de même), Cladomelea
et Ordgarius (ex
Dicrostichus)(Eberhard,1982).
De même, il plaça deux genres, Celaenia and Taczanowskia dans
le groupe des Celaenieae.
Les trois groupes ainsi créés,
Cyrtarachneae,
Mastophoreae, Celaenieae, furent
traités comme des tribus,
à savoir les
Cyrtarachnini, Mastophorini and Celaeniini.
Les
dénominations ont ensuite varié, la
plus large, celle des Cyrtarachninae sensu
lato (s.l.),
renfermait les trois groupes originaux de Simon,
y compris, bien qu’à
priori incongrues dans cette
place, les araignées
à bolas
(tribu des
Mastophoreae de Mello-Leitão,1931).
Emerit (1977)
considéra à tort les deux premiers excavata comme
des sous-familles, les
Cyrtarachninae et les Mastophorinae. Plus tard,
Eberhard (1980,
1982)dans
des études
comportementales montra que les trois groupes de Simon
partageaient
bien des
caractéristiques communes et: pouvaient être
réunis.
Plus
récemment, une analyse
phylogénétique de la famille des Araneidae a
été publiée par Scharff
& Coddington
(1997).
Ces auteurs ont
rapproché les divers genres de deux groupes de Simon, Cyrtarachneae
et
Mastophoreae, les
considérant comme monophylétiques, donc
étroitement apparentés
(«sisters») et les combinant dans la sous-famille des
Cyrtarachninae, en
excluant toutefois la totalité des Celaenieae. Ils soulignent
que la
sous-famille a une biologie assez cohérente, une tendance
marquée à la
réduction de la toile et une évolution
compensatrice du mimétisme
chimique agressif.
Plus
près de nous encore,Tanikawa et
al. (2014) par
une étude de
phylogénie moleculaire ardue, puis Scharff & al. (2020) ont
infirmé
cette conception qui ne s’accorde pas avec les relations
évolutives déduites
antérieurement. D’une
part, les Araignées à toiles
triangulaires (Pasilobus)
doivent rester incluses dans le groupe confectionnant des “
spanning-thread
webs », sous l’étiquette de « clade
C ». D’autre part, les
espèces utilisant des bolas et celles qui ne construisent aucun
piège forment
un groupe monophylétique complétement
séparé du précédent en tant que
« clade B » descendant d’un ancêtre
commun (Tanikawa et
al.,2014).
L'évolution darwinienne
faisant loi, y compris sur le plan de l'anatomie interne, il
se pourrait bien, in fine, que selon une
conception de A.Lopez, à confirmer ou non par des recherches
histologiques
ultérieures, seules valables en ce genre de
détection et si elles sont réalisées
un jour (???), il
existe un lien
anatomique original (synapomorphie), caractère
dérivé,
entre tous les représentants des Cyrtarachninae: l'existence
d'un tissu
endocrinoïde abdominal, démontrée dans deux
genres
de Mastophorini (Mastophora, Celaenia)(Fig.14)
et jusqu'ici ,2022-malheureusement !- un seul genre (Poecilopachys)
chez
les Cyrtarachnini (Fig.15)
à explorer globalement sur le plan de
l'anatomie
interne, en commençant par l'unique espèce
française connue : Cyrtarachne
ixo(do)ides.
La
richesse en Araignées à bolas est la
plus élevée dans le Nouveau Monde, avec 51
espèces
de Mastophora, incluant Agatostichus ,
contre une seule espèce connue de Cyrtarachne.
En
Afrique, les
Araignées à bolas ne
sont représentées que par les genres Cladomelea et Acantharachne.
En
Asie sensu
lato, il
n’y aurait en revanche que 11 espèces du genre
australien Ordgarius ou Dicrostichus contrastant
avec la richesse en «spanning-thread web spiders»
connues
seulement (Platnick, 2014) dans
cette partie du monde. Parmi elles, 43
espèces
de Cyrtarachne.
Cela
suggère une origine américaine du
clade à bolas ou sans toile, et une origine asiatique du
clade à fils en
pont («spanning threads»). La diversification de l’
ancêtre commun en ces
deux clades peut être survenue en association avec leur division
geographique.
Les
details de la
phylogéographie restent
à préciser.
Eberhard,
WG,1980 - The natural history and behavior of the bolas
spider Mastophora dizzydeani sp. n. (Araneidae).
Psyche 87,
p.143–169.
Eberhard
,WG., 1981 - Notes on the
natural history of Tackzanowskia sp.
(Araneae:
Araneidae). Bull Br Arachnol Soc., 5, p.189–204.
Lopez,A.avec
M.K.Stowe et J.C.Bonaric,
1985 - Anatomie interne de l’ «Araignée à
bolas» nord-américaine Mastophora
cornigera (Hentz, 185o) (Araneae: Araneidae) après sa
sortie du cocon.
Pub.Scient.accélérées (Rémy Chauvin ed.),
n° 8, p. 1–9.
Lopez,A., avec
L. Juberthie-Jupeau et
M.K.Stowe, 1986 – L’appareil séricigène de Kaira
alba (Hentz).
Mem.Soc.roy. belge d’Entomologie, 33, p. 119-128.
Lopez,A.,
1998.- L’origine des odeurs
attractives de Papillons et de Diptères mâles chez
certaines Araignées
exotiques (genres Kaira, Mastophora etCelaenia:
Araneidae): une approche histologique. Bull. Soc.Et.Sci.nat.
Béziers, 17, 58,
p.9-24.
Simon,E.,1892
- Histoire naturelle
des araignées, (2nd ed.), Roret, Paris, 1, p.876-895.
Scharff, N. & J.A. Coddington, 1997 - A phylogenetic analysis of the orb-weaving spider family Araneidae (Arachnida, Araneae). Zool. J.Linn. Soc., 120, p. 355–434.
Stowe,
M.,1986 - Prey specialization in Araneidae. In “Spiders
–Webs, Behaviour, and Evolution” Ed by WA Shear. Stanford Univ Press,
Stanford,
p. 101–132.